mercredi 22 septembre 2010

Notre plus belle aventure...

Comme précisé dans le précédent post, la date prévue d'arrivée de Krevette selon les sages-femmes australiennes était le 12 juillet, ou alors le 18 juillet selon le calendrier français (qui compte quelques jours de plus pour la gestation). "Que nenni" s'est dit notre Krevette ! Et elle n’en a fait qu'à sa tête en restant encore plus longtemps au chaud pour rendre chèvre ses parents et grands-parents.

Au dernier rendez-vous avec l'obstétricien, nous avions donc abordé l'option d'un déclenchement, mais lui pensait qu'elle ne tarderait pas de toute façon. Le lundi 19 juillet au soir, toujours aucun signe. Jérémy et moi étions inquiets, non pas pour la petite, mais plutôt pour le temps qui nous resterait pour obtenir son passeport pour pouvoir aller en France fin août. Un déclenchement n'était certes pas idéal pour nous qui voulions un accouchement le plus naturel possible, mais il a bien fallut remettre en question nos préférences. Le rendez-vous suivant avec l'obstétricien était le mercredi 21 donc on attendait cette date avec impatience pour un éventuel déclenchement s'il était d'accord.


Finalement, cette nuit-là, vers 1h00 du matin, j'ai été réveillée par de nouvelles sensations dans le dos irradiant dans le ventre... tiens tiens ! J'ai commencé à retenir l'heure à chaque fois que je sentais la même chose : pas de doute c'était des contractions régulières. Evidemment j'ai senti l'excitation me prendre à l'idée de voir enfin très bientôt notre bébé, je n'arrivais plus trop à dormir mais j'ai quand même réussi pendant environ 3 heures. Au réveil, j'ai donné à Jérémy la bonne nouvelle et dès lors les contractions étaient toutes les 10 minutes. Par chance, Jérémy avait un programme moins chargé que d'habitude au bureau et il a pu rester à la maison. Malgré les contractions, que j'arrivais largement  à supporter grâce à mes exercices de respiration et de relaxation, nous sommes allés nous balader dans le parc à côté de chez nous, puis j'ai fait un déjeuner copieux, puis un peu de rangement, vérifié une énième fois la valise pour l'hôpital, etc.


En fin d'après-midi, les contractions ont commencé à s'intensifier et à se rapprocher de plus en plus. Comme nous l’avions appris au cours de préparation à l’accouchement, dès que les contractions étaient seulement espacées de 5 minutes, Jérémy a téléphoné à l'hôpital pour les prévenir et aviser s’il fallait se présenter à l’hôpital rapidement. La personne au bout du fil n'était pas convaincue qu'il soit encore temps pour nous d'y aller comme j'avais l'air trop calme pendant les contractions. Certes puisque je m'étais exercée à rester calme... Jérémy s'est donc appliqué à m'occuper pour me changer les idées et me faire patienter avant le vrai départ. Nous avons donc fait des muffins : une bonne recette mais avec des ingrédients différents, un mélange de citron, noix de coco et fruits rouges, c'était assez particulier mais au moins ça m'a fait effectivement patienter. Les contractions continuaient toujours à s'intensifier et à se rapprocher. Je devais alors m'arrêter de parler et cesser toute activité pour me concentrer sur ma respiration. Jusqu'au moment où le chronomètre a montré qu'on était à moins de 5 minutes d'intervalle et que je demande à Jérémy d'appeler à nouveau l'hôpital pour dire qu'on arrivait. Cette fois, c'est moi qui décidais !


Nous sommes arrivés à l'hôpital à 20h15. Après le stress du voyage, allongée à l’arrière de la voiture, je me suis sentie soulagée une fois entre les mains d'une sage-femme. Cela dit, elle était très surprise de la facilité avec laquelle je passais chaque contraction et elle souhaitait nous renvoyer à la maison car cela ne lui semblait pas être du vrai travail. Apres vérification, elle nous a annoncé que j’étais dilatée de 3 à 4 cm mais continuait à vouloir nous renvoyer chez nous. J'étais assez hésitante et pendant qu'elle continuait à m'observer, elle voyait bien que ça s'intensifiait encore et encore. Elle insistait toutes les 5 minutes pour me donner un anti-douleur que j'ai refusé chaque fois avec le sourire. Pendant ce temps, le monitoring montrait que bébé allait parfaitement bien à l'intérieur. Je l'ai même senti encore avoir le hoquet. Au moment du changement d'équipe pour la nuit, la sage-femme m'a proposé de faire quelques pas dans le couloir. En revenant au lit, à ma grande surprise, j'ai perdu les eaux. Simultanément mes jambes se sont mises à trembler et ce avant chaque contraction jusqu'à la fin. Plus mes jambes tremblaient, plus la contraction était forte. Ne pouvant plus tenir debout, j’ai été transférée à l’étage en chaise roulante. Il était alors environ 22h30.


La salle d’accouchement ressemblait ni plus ni moins à une chambre spacieuse avec une grande salle de bain pour pouvoir prendre un bain ou une douche pendant le travail. La sache-femme qui nous a accueillis s’appelait Mary. Son calme et sa gentillesse étaient plus qu’appréciables. Une fois arrivés dans la pièce, Jérémy a courir et descendre les escaliers 4 par 4 (plus rapide que d’attendre l’ascenseur) pour aller chercher nos affaires dans la voiture. Pendant ce temps, je m’accrochais bien fort au lit pour tenter de supporter seule une grosse contraction. Mary était occupée à tout préparer autour de moi. Une fois que Jérémy est revenu (en un temps record), il a branché la musique relaxante et je n’ai plus lâché sa main. Son pouce s'en souviendra longtemps tellement je l'ai serré fort !


Pour un premier accouchement, on nous avait dit de s’attendre à ce que ça dure entre 8 et 16 heures, voire plus. Heureusement pour nous, le travail semblait avancer plus vite que ça. La douleur s’intensifiant, j’avais de plus en plus de mal à respirer calmement. Contrairement à ce que j’avais préparé pour un accouchement actif, il était impossible pour moi de me lever du lit pour marcher, m’accroupir ou me mettre dans quelque autre position facilitant la gravité. Quand j’ai demande une première fois un anesthésiant, Jérémy m’a rappelé à quel point c’était important pour moi d’accoucher naturellement. Quand j’ai demandé une deuxième fois,avec insistance, Mary a suggéré que je prenne un bain. Cette idée me soulageait à l'avance, j'en avais trop envie, du moment que ça me fasse du bien. Avant de faire couler l’eau, elle a voulu d'abord vérifier ou le bébé en était. Sa réaction était claire et nette: « ah non, là c’est trop tard, elle arrive ! ». Et zut pour le bain...

Une heure et demi plus tard, soit à 1h37, Victoria Louise Julie Dupuit est née. Elle pesait 3,3 Kg et mesurait 50 centimètres. Jérémy a fièrement coupé le cordon ombilical et elle a rapidement bu sa première tétée.


Pendant que papa chantait sa première berceuse, je suis enfin allée prendre une douche, quel bonheur !

Une fois tous plus ou moins remis de ces émotions, on m’a transférée dans ma chambre où Jérémy a dû abandonner ses femmes pour rentrer seul à la maison. Après une nuit très courte pour nous trois, nous avons pu présenter Victoria à ses grand-parents malouins (et un peu gagas) l’après-midi même. Je ne serais restée que deux jours à l’hôpital avant de retrouver notre appartement à la grande joie de Jérémy .